D’ailleurs, soyez bien certain que c’est le but poursuivi. Les chefs des diverses communautés chrétiennes, les chefs des fellahs et quelques mollahs représentant les Turcs antikémalistes, demandèrent une audience au général Dufieux, pour lui demander certaines précisions qu’il ne put leur fournir et des assurances qu’il ne put leur donner, car le général ne savait rien de plus que ce que savait le public ; il avait passé six jours à Beyrouth à attendre de Paris des explications qui ne lui furent pas données. Un officier de gendarmerie a dit sous le secret que des émissaires turcs parcourent la Syrie pour fomenter un soulèvement. J’ai beau faire, je reviens toujours à notre situation ici. Elle s’en va, laissant derrière elle un sombre cimetière, un pays ruiné et une population exaspérée, qui la poursuit de ses malédictions. Même avant l’installation du gouvernement kémaliste, les Turcs veulent délivrer eux-mêmes les passeports ; ils ont ouvert un bureau en concurrence du bureau français qui continuera à fonctionner. 25 novembre. La nuit passée on aurait tiré sur une sentinelle française ; une femme chrétienne a été trouvée assassinée ; un gendarme arménien se voit disputer son cheval par un turc qui dit le reconnaître pour sien. Est-ce là ce que la France avait promis aux chrétiens de la Cilicie ? « Vous êtes donc venus en Cilicie, nous disent-ils, pour nous compromettre, nous ruiner, et finalement nous abandonner à la vengeance de nos mortels ennemis ! Devant son refus de quitter Urfa (Édesse), la garnison française est assiégée le 9 février 1920. Les tribunaux mixtes sont supprimés : les Européens devront s’accommoder de la justice turque ; les consuls ne pourront plus intervenir dans les procès de leurs ressortissants. Devant un officier turc, on faisait ressortir les avantages de la collaboration amicale de la France avec la Turquie. Trois heures après que cette interdiction était publiée, une dépêche anglaise faisait annoncer que l’Angleterre offrait à tous l’entrée de Chypre, de la Palestine et de l’ égypte. Et pas une voix n’a relevé ces âneries, je devrais dire ces mensonges criminels, car il s’agit de se disculper du désastre qu’une politique inqualifiable a fait subir à des milliers de familles. Mais les bateaux doivent avoir reçu un mot d’ordre : ils ne prennent que des passagers de première et deuxième classe. C’était le ministre de l’instruction publique de Enver-Talaat. Colportée dans les boutiques, dans les cafés, fama crescit eundo, et les cervelles travaillent. 6 décembre. à lui de juger de la convenance. Depuis un quart de siècle, avec des armées démodées, des soldats déguenillés, mal nourris, mal armés, mais vibrants de patriotisme, nous avons fait front de tous côtés : guerre des Balkans, guerre de Tripolitaine, guerre de Hédjaz, puis la grande guerre, front du Caucase, front de Mésopotamie, etc., nous avons partout arrêté l’envahisseur, malgré sa tactique savante, ses armes perfectionnées, ses avions..., etc. Il a dit au général Dufieux que les capitulations étaient maintenues. Un certain nombre ont été de nouveau arrachés. Le colonel de gendarmerie Sarrou, un des plénipotentiaires d’Angora, arrivé avant-hier, est navré de cet exode. Il fait partie de la suite de Franklin Bouillon. Une brigade française entra dans Constantinople le 12 novembre 1918. L’Armée française avait avancé dans la région, en vertu des accords Sykes-Picot, après l’armistice de Moudros du 30 octobre 1918. Un soldat français, hier soir, dans l’obscurité, a reçu un coup de bâton sur la tête. Il faut les subir ou recommencer la guerre. Je ne sais ce qui reste au grand orphelinat arménien, mais un grand nombre ont sauté les murs. Ce n’est pas lui que je redoute, ce sont les 10 000 ou 100 000 Turcs qui m’entourent et qui ne respirent que vengeance. Dans le train, il disait à un soldat français qui me l’a rapporté : « Ah ! Et sur ces bonnes paroles on s’est séparé. Défense d’importer des soieries : c’est du luxe. Une douzaine d’élèves nous ont fait leurs adieux. Je vous ai dit que Mgr Bahbanian s’adresse simultanément à tous les dieux pour sortir de Césarée. Mais se laver avec des mensonges n’est pas une manière de se faire propre. Troisième faute enfin, dont les conséquences ont été désastreuses : l’Angleterre a recommencé la guerre par procuration, et l’Angleterre est vaincue en Anatolie, et nous sommes vaincus en Cilicie. Il est bon quand même qu’un amiral français ait constaté le crime de la France. Dernièrement, une dame est arrêtée par un groupe de femmes voilées : — Tu es arménienne ? Cette semaine, dans une salle comble (le cinéma grec), un poète local a chanté la guerre de Cilicie. Tout cela nous promet une ère de liberté dont nous n’aurons qu’à nous féliciter. Le général a convoqué au conaq les représentants de toutes les communautés et les chefs du bureau d’Administration. Qui oserait les blâmer ? Personnelle, celle-ci a de plus le mérite d’exprimer le jugement de Portoukalian sur la situation sans précaution inutile, d’où le ton particulier des lettres, mélange de distance, propre à son éducation française, et de douleur rentrée due à ses liens personnels avec l’Arménie*. Ces Turcs que je coudoie tous les jours ressemblent comme des frères aux montagnards d’Anatolie. Si les colonels ne sont pas payés, jugez si les soldats le sont. Je verrai en France auquel je m’arrêterai. — Il paraît que Moustapha Kémal envoie à Paris Chukri bey. Déjà , même avec les Français, le contact a été assez peu amical et beaucoup de gens y ont perdu leurs illusions. C’est à fendre l’âme. De plus, il semble qu’on veut les dégoûter du métier. 9 janvier. Quel crime sur la conscience de notre gouvernement. C’est assurément l’enthousiasme pour la France et l’amour des chrétiens qui anime ces brutes. * - BNu/Fonds A. Andonian, P.J.1/3, liasse 9, Adana, ff. DOI : https://doi.org/10.3406/cemot.1999.1496, www.persee.fr/doc/cemot_0764-9878_1999_num_28_1_1496, Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, N°28, juin-décembre 1999, GENDARMES FRANÇAIS EN CILICIE (1918-1922). - Franklin continue à boire des bouillons... un peu salés. Long monologue du plénipotentiaire pour défendre son œuvre : affligé, désolé, navré de la situation. Franklin l’encourage : « Les Turcs ne sont plus Turcs : vous n’avez rien à craindre ». L’Association Vengeance nationale n’est pas nouvelle, mais elle est à redouter : c’est son activité qui fait fuir les Turcs compromis avec nous. Le colonel Sarrou fait un éloge pompeux du nouveau vali, du nouveau chef militaire, du nouveau chef de la gendarmerie. Et tout cela pendant la lune de miel, sous les yeux de Franklin-Bouillon qui avale. Enfin, un télégramme arrive de Paris, donnant l’ordre de les transporter gratuitement en Syrie et de laisser des troupes à Mersine jusqu’à ce que le dernier Arménien ait quitté le pays. Une bonne et un enfant sont insultés dans la rue. - Ce matin, au cimetière militaire, touchante cérémonie d’adieux aux soldats morts en Cilicie, à l’occasion de la bénédiction du monument funéraire élevé par le général Dufieux, dernier souvenir parmi tant de glorieux et touchants souvenirs qu’il laisse en Cilicie. Trop tard. Devant le deuil et le désarroi de la population, nous avons renoncé à l’inauguration solennelle de l’église ; les circonstances ne se prêtent pas aux réjouissances. Le déploiement français en Cilicie prit fin près de trois mois après le déclenchement de l’offensive de l’ Egyptian Expeditionary Force … Les montagnards de l’Amanus ont fait savoir à la Commission de délimitation de la frontière qu’ils ne voulaient être ni turcs ni français, et que si les membres de cette commission s’aventuraient dans leurs montagnes, ils seraient reçus à coups de fusil. Ourfa, Marach, Bozanti, Sis ne sont pas des noms glorieux pour sa renommée. Ah l’église sera trop grande maintenant. Que ces personnes, Moustapha, Hamid et leurs collaborateurs soient sincères, je le veux ; mais à quoi tient leur autorité ? Et ces musulmans sont loin d’être rassurants : « Nous arrivons trop tard, disent-ils — comme Franklin-Bouillon — ; nous avions cependant des comptes à régler avec ces chrétiens qui nous ont pillés, assassinés, ruinés, qui pendant notre absence tuaient tous les jours des centaines de Turcs dans leurs églises, qui ont rempli les puits des cadavres de nos frères, etc. Hamid a envoyé un ultimatum : « Si le 25 janvier, à midi, je n’ai pas une réponse favorable, considérez-moi comme démissionnaire ». La vénération qu’on a pour cet homme est extraordinaire, comme la confiance qu’il inspire. Le choc eût été brutal. Quand donc ce pays retrouvera-t-il sa tranquillité ? On me dit qu’hier une délégation nationaliste est venue trouver l’Aratchnort [= probablement l’archevêque de la ville ou le catholicos] et a proposé une entrevue hors de la zone occupée. J’ai reçu le livre du col. Brémond, que vous m’avez envoyé et je vous en remercie. On dit que les Arméniens auraient lancé un télégramme pour demander la protection de l’Angleterre, puisque la France les lâche. Aussi, il en part tous les jours des Turcs, mais il en arrive plus qu’il n’en part ; ils envahissent le quartier chrétien, et ils ne semblent pas être Adaniotes. Les musulmans du monde entier se solidarisent. RHAC III ► Partie II : La légion d'Orient, le mandat français et l'expulsion des Arméniens (1916-1929). Malheur à nos œuvres. — Je serai bâtonné. Je crois que c’est le nom qui va rester à ce jour à jamais solennel du 4 janvier, et qui va être commémoré tous les ans, comme la prise de la Bastille. L’un d’eux recueillait précieusement, dans un fond de caisse, de la graisse sale. 187-206. L’intérêt premier de la France pour la Cilicie, bien que manifesté depuis la campagne de Napoléon en Égypte et en Syrie de 1798 à 1800, s’était accru depuis l’acquisition en 1909 par des capitalistes français de l’immense ferme de Mercimek (Mercimek Çiftliği, 1 100 km2, soit la taille de la Martinique) appartenant au Sultan Abdülhamid II, en remboursement d’une partie des dettes de l’Empire ottoman. égalité pour les chrétiens ! Mais après ? L’un d’eux disait à une dame italienne : « Les Français prétendent avoir gagné la guerre ; nous les avons chassés de chez nous ». In: CEMOTI, n°28, 1999. Leur but semblait être de dévaliser la maison lorsque les propriétaires, pris de peur, seraient partis. D’ailleurs tous les jours des bateaux se succèdent à Mersine. D’ailleurs, M. Sarrou est-il loyal dans cette campagne en faveur de son traité ? Après l’occupation de la Cilicie même fin 1918, les troupes françaises occupaient les provinces ottomanes d’Antep, Maraş et Urfa en Anatolie du Sud fin 1919, cédées par les troupes britanniques comme convenu. On trouve également des unités indochinoises, malgaches, des spahis ... CEMOTI, Cahiers d'Études sur la Méditerranée Orientale et le monde Turco-Iranien. Et tous les journaux de France iront répétant que les Arméniens ont bien tort de tant crier, puisque les autorités françaises et turques ont pris toutes les mesures nécessaires à leur sécurité. Il y a deux ans, quand nos chasseurs et notre 412e faisaient leur entrée, les Turcs et surtout les Turquesses ne faisaient pas tant de crânerie. J’oublie la troisième perle recueillie dans le discours de M. Briand : les bonnes sœurs et les religieux restés là -bas, à qui il n’est rien arrivé. On dit qu’il n’y a plus de derders [= prêtres mariés] arméniens. Les forces françaises se retirèrent de la zone d’occupation au tout début de 1922, environ 10 mois avant l’armistice de Mudanya. Des bateaux arrivent de Smyrne pour le transport des Grecs. En septembre 1922, à la fin de la guerre gréco-turque (1919-1922), pendant la retraite des Grecs devant l’avance des révolutionnaires turcs, les forces françaises se retirèrent également de leurs positions près des Dardanelles alors que les Britanniques étaient prêts à maintenir leurs positions. Le général, pour qu’on ne puisse pas lui reprocher de favoriser la désertion, refuse de rien changer à la circulation des trains. Les monts Taurus étaient importants pour Mustafa Kemal. Ne manquez pas de faire savoir à Franklin-Bouillon ce détail qui ne peut que l’intéresser. 21 décembre. Et les Grecs ne seront pas les derniers à s’en aller. Mais, leur dit-on, l’amnistie a tout lavé. Il est de Nigdé. - Nos derniers soldats sont partis hier. La parole des Turcs ! Les Anglais ouvrent leur bras aux émigrés à Chypre, en Palestine, en égypte. Franklin-Bouillon, prenant Hamid bey par la main, leur dit : « Ma garantie, la voici, c’est Hamid bey » — lui-même s’est glorifié devant nous de ce geste qu’il a cru beau, sûrement, et qui est au moins naïf. Si les Turcs étaient intelligents, ils attendraient pour se débrouiller, le départ de Franklin-Bouillon et de l’armée française. Après l’occupation de la Cilicie même fin 1918, les troupes françaises occupaient les provinces ottomanes d’Antep, Maraş et Urfa en Anatolie du Sud fin 1919, cédées par les troupes britanniques comme convenu. Dites à tous ceux qui sont à Paris, que vous fréquentez, qu’il faut aimer profondément cette pauvre nation, si malheureuse, si maltraitée et qui peut, elle aussi, être un élément de civilisation pour l’humanité. — Mon ordonnance va vous l’apporter ». Le Haut-Commissariat avait fait grand bruit de la protection qu’il accordait aux Syriens ; ils s’étaient en masse, quoique avec défiance, je m’en souviens, fait inscrire sur les registres du consulat ; ils sont tous munis de passeports français. ont-ils lu l’histoire, ces sinistres diplomates, ailleurs que dans Loti ? M. Laporte a répliqué : « Je n’ai pas à connaître les ordres que vous recevez ; je ne connais que votre signature ». Que de faits n’y aurait-il pas à citer, avant et pendant la guerre, pour rappeler ce qui est, à savoir que les Turcs, jeunes ou vieux, kémalistes ou autres, sont indignes d’administrer des populations non musulmanes. Tout cela sent mauvais : les Européens, les officiers, le consul s’en rendent compte. Le P. de Lavernette a donné l’absoute et fait un court, mais très beau discours. Jadis, quand une œuvre française était entravée, un simple cawas du consul n’avait qu’à se présenter, tout rentrait dans l’ordre. De là cet encombrement à la gare. Gendarmes français en Cilicie (1918-1922). Confrontée à une résistance locale, la France commença à retirer ses troupes d'Ereğli le 8 juin 1920. Défense d’importer et de servir dans les restaurants, auberges, brasseries, etc., ni vin ni liqueur. Vous devez être étonné de recevoir une lettre de moi ainsi datée. Tout ce que nous pouvons souhaiter de mieux. Longue et intéressante conversation avec Franklin-Bouillon. Puissions-nous n’être pas prophètes ! Les Grecs sont les plus nombreux : de quarante à cinquante familles, et un certain nombre bouclant leurs malles. Or, l’Europe ne veut pas la guerre, parce qu’elle ne peut pas la faire. Et pourtant, il faut vivre ; un colonel, membre de la commission de délimitation, ne peut pas se mettre en route faute d’argent ; depuis des mois, il n’a pas touché sa solde. Et ils ont eu raison de partir, parce qu’ils avaient grande chance d’être massacrés. Les Arméniens ont tous abandonné leurs riches orangeries qui faisaient leur fortune et se sont transportés en Syrie. Mais toutes les maisons n’ont pas le P. de Lavernette pour gardien. quel intérêt a-t-on donc à mentir si effrontément ? — Ils me répondront : « Trouvez-en ». Quand à nous, nous n’avons qu’à hâter les travaux qui ne peuvent d’ailleurs être terminés ; ils demanderaient un mois, et bientôt nous n’aurons aucun ouvrier. 28 novembre. D’ailleurs, je ne l’ai jamais vu, mais une chose est connue du public : Angora pendant longtemps n’a pas répondu. Cela ne changera rien certainement à la politique générale, d’autant plus que ce qui est fait est fait. J’ai reçu aussi les deux exemplaires du Manifeste, mais je n’ai trouvé personne à qui les donner : le Nor Serount n’existe plus, pas plus que le Club Hintchakiste où je suis allé moi-même pour faire votre commission. Laissez-moi transcrire et commenter quelques idées prises au jour le jour, depuis le 3 de ce mois. La régie est turquisée par Adil bey ; plus de rapports avec Constantinople, plus d’employés chrétiens, plus de langue française.Naturellement, les porteurs de titres continuent à attendre leurs dividendes. - Hier les chefs des communautés chrétiennes ont eu une entrevue avec trois des principaux kémalistes d’Adana, dont Soubbi pacha et le chef des fellahs, Deblan Zadé. à l’arrêt de Chakir-pacha (quatre kilomètres d’Adana), où Franklin-Bouillon l’avait envoyer saluer, on lui a fait rentrer ses oripeaux. On entend des paroles comme celles-ci : « Nous n’avons pas besoin de soldats français pour être rassurés ; qu’on nous laisse le général Dufieux » Et cette autre : « Amis et ennemis n’ont pour lui que [de] l’admiration ». 11-25 et 59-74. L’occupation française de la Cilicie, prévue depuis les Accords Sykes-Picot, prit fin dans des circonstances pour le moins dramatiques alors que la France signait les fameux accords d’Angora avec le gouvernement kémaliste. On évalue à 80 000 personnes le nombre des émigrés d’Adana seulement. Même profanation à Tarsous. Le détenteur est connu ; il a même plusieurs fois donné à la mère des nouvelles de l’enfant. Bon voyage ! Elle a lancé sur la Cilicie la Légion arménienne dans le but de la conquérir pour les Arméniens. Réception triomphale, et les journaux français prétendent que les soldats turcs ont rendu les honneurs à nos troupes à leur départ !!! Avec une pression exercée sur les Français, la Cilicie serait facilement laissée aux nationalistes turcs. Quelqu’un prit la liberté d’attirer l’attention du chef de la police sur ces vols nocturnes (c’est toujours la nuit qu’ils se produisent) et le chef de la police déclara que ces vols ne peuvent s’expliquer que par la connivence des personnes volées !!! Ma femme vous adresse ses meilleures amitiés auxquelles je joins les miennes. si vous n’étiez pas venus, nous aurions peut-être pu vivre comme nous vivions avant ; mais désormais, il n’y a plus de place pour nous en Cilicie ». Idem pour les 5 000 Arméniens et Grecs des villages environnants. Il est accusé, lui et sa domestique, de s’être fait voler ou de s’être volé lui-même pour créer des embarras à la police. à Adana seulement, jusqu’à ce jour, il a été délivré 18 000 laissez-passer. Les écoles des filles étaient en tête, brandissant leurs oripeaux avec un enthousiasme délirant. Je comprends qu’on veuille se laver du crime d’avoir abandonné les chrétiens et d’avoir trahi les promesses qu’on leur avait faites. Je compte cependant être à Paris dans trois ou quatre mois au plus tard. » On les lui énumère, mais bientôt il coupe court : « Ne croyez-vous pas qu’il est venu un mot d’ordre des comités [arméniens] de Paris et de Londres, et des encouragements ? Ne riez pas, je tourne à la conférence, mais croyez que c’est du fond de moi que je parle. M. Briand ne lit pas les journaux turcs : il a tort. Je m’en suis retourné triste. L’amiral Grandclément demeure stupide de ce qu’il voit et de ce qu’il entend. De grâce, qu’il soit bien entendu que nos braves soldats et leurs superbes officiers ne sont pas en cause dans cette humiliation du drapeau français ; mais soldats et officiers, pour si héroïques qu’ils soient, ne sont que des hommes ; ils peuvent bien mourir, mais ils n’ont pas le don des miracles. Hier encore, la poste a refusé à la banque et à la Compagnie Orosdi Back de recommander des lettres pour Paris. Comme le courrier est loin d’être sûr par la poste nationaliste, nous envoyons et recevons nos lettres par la valise diplomatique qui fait bihebdomadaire le trajet Adana-Alexandrette, et vice versa. L’attentat n’a pas réussi ; une seule bombe a éclaté sans faire beaucoup de dégâts, deux autres ont été retrouvées intactes. L’évacuation fut terminée le 7 janvier, les dernières troupes quittant Osmaniye. Le but était, d’une part, de prendre contrôle d’une importante source d’énergie, mais aussi de couvrir les besoins militaires français. Puisse ce calvaire être son salut ! 1er décembre. Ces deux villes sont tellement encombrées qu’à Mersine une ocque de pain coûte une livre turque. Demain nous n’aurons d’autres domestiques que le cuisinier, d’autres professeurs que les pères et deux soldats ; un peu moins de soixante élèves : une vingtaine de musulmans, onze juifs, quelques Français et quelques Italiens et peut-être une quinzaine d’indigènes qui s’apprêtent à partir. « Combien vous dois-je ? il aura bien d’autres étonnements ; qu’il reste seulement deux mois ! Le directeur de la Banque de Syrie a pris à sa charge la ferme d’un Grec. - L’ancienne gare qui servait de garage aux wagons hors d’usage, maltraités par la guerre, est utilisée, ainsi que ces wagons, pour le transport des bagages des exilés. - Le personnel de l’administration est complètement renouvelé. La faute fut rejetée sur les forces britanniques qui n’avaient pas contrôlé le pouvoir de résistance des locaux. Pourront-elles vivre ? Le 11 avril 1920, les 300 survivants de la garnison tombent dans un guet-apens (en) au col de Şebeke sur le chemin de la Syrie. Un kilo d’eau de Cologne se vendait à une livre turque. L’opinion publique, qui y est si prompte aux élans généreux, n’a point soupçonné ce drame poignant. Mais devant la tournure des événements, ils se rendent compte que cela a été mieux ainsi, plutôt que de faire s’affronter les deux éléments. Dans le cimetière arménien, nous avons constaté plus de dix croix brisées et emportées, quatre croix de fer tordues, qui n’ont pu être arrachées, quatre autres gravées au ciseau dans la pierre horizontale, martelées ; plusieurs marbres brisés, deux blocs de 75 cm de hauteur descellés de leur base et renversés. Imaginez l’accueil fait aux civils. A partir de cette date, l'histoire de la prévôté suit celle du détachement français et des troupes britanniques qui luttent contre l'armée ottomane en retraite vers le nord. Mais malheur à nous! 13 novembre. 4) Trois filles arméniennes disparues d’Adana. évidemment, ces personnalités doivent avoir été bien triées sur le volet. Et pour appuyer ces garanties, il leur donne la parole des Turcs. De fait, ils sont ici, et on veut les y maintenir ; mais le pourra-t-on ? C’est un malentendu... Ce n’est rien. En Cilicie, la vie est intenable pour les chrétiens. Dans la série des événements qui se déroulent, se trouve un défilé de prisonniers. Or, Angora répond par un refus. Hier, il a réuni les chefs des communautés chrétiennes, leur a ressassé ses mêmes arguments, et leur a dit qu’ils avaient manqué à leur devoir de pasteurs. Qu’ils laissent encore massacrer ces 53 000 misérables restés échappés aux hécatombes de 1909 et de 1915, et ils pourront en toute sécurité de conscience « rendre cette riche province à ses maîtres légitimes ». Ce n’est pas glorieux et ce n’est pas rassurant pour nous. à Beyrouth, on ne veut pas comprendre la situation ; on ne veut pas qu’il soit dit qu’on a fait un traité honteux et criminel ; on ne veut pas avouer que cette politique néfaste a ruiné le prestige de la France et lui attire les malédictions de toute la population chrétienne. Il s’est, partout, trouvé des politiciens en France qui ont fait grief aux Arméniens de n’avoir pas confiance en la parole des nationalistes turcs. Banque ottomane, Régie des tabacs, Dette publique sont aux mains des Kémalistes ; ils ne laissent pas une piastre aller à Constantinople ; c’est avec ces revenus et les extorsions faites sur la population qu’ils ont pu soutenir la guerre. J’ai reçu il y a deux jours votre paquet de journaux. Les Grecs font partir une délégation demain. - Un télégramme de M. Bonnevay rouvre la Syrie aux réfugiés. Il me semblait que je venais moi aussi de faire le dernier adieu à nos braves soldats avec lesquels nous avons fraternisé pendant deux ans et demi ; qui nous donnaient l’illusion de notre belle France... Ils s’en vont dans quelques semaines ; nous ne verrons plus que des visages hostiles. Du reste, les départs de nos troupes se sont échelonnés du 7 au 19 décembre. ... à Marache, c’est 12 000 Arméniens que les Turcs exterminèrent aussitôt après l’évacuation de la ville par les Français ; à Hadjine, après une admirable résistance de huit mois organisée et maintenue pour l’honneur du drapeau français, 400 combattants seuls se frayent un chemin sur Adana, tandis que la population entière, soit 8 000 âmes, est massacrée avec une sauvagerie reculant les bornes de l’horreur. La question vitale pour nos œuvres est celle des capitulations. Il venait nous faire ses adieux. Durant la conférence de Lausanne de 1922/1923, des tensions réapparurent sur le sandjak d'Alexandrette, qui selon le Misak-ı Milli (en) aurait dû être inclus à l’intérieur des frontières nationales turques, et qui est resté sous contrôle français jusqu'en 1938. Le lieutenant Gagneux ** n’est pas rentré, je ne sais vraiment s’il rentrera. Entre Mersine et Adana, il a croisé un de ces trains chargés de bagages et, juchées sur cet amoncellement, des grappes humaines, puis un train de voyageurs où l’on se pressait jusqu’à s’étouffer. Dans les régions occupées, les Français firent face à la résistance de la majorité turque dès la première heure, principalement parce qu’ils s’étaient associés aux objectifs arméniens. Ces malheureux ont emporté la petite vérole. Les Arméniens combattirent en Palestine et en Syrie, ainsi qu’en Cilicie après l’armistice de Moudros. Ces témoignages sont cependant avant tout révélateurs du point de vue officiel de la France et ne concernent que très peu les circonstances du départ des troupes françaises et de la population arménienne qui avait pourtant été rapatriée en Cilicie des déserts de Syrie et de Mésopotamie par les Anglais et les Français au cours des années 1919-1920, ainsi que le transfert des compétences de l’administration coloniale aux fonctionnaires kémalistes. Pour moi qui devais prendre mon congé fin novembre, je me vois obligé de le retarder jusqu’à ce que la situation soit stabilisée. En famille, il s’est déboutonné ; ce n’est plus l’homme fier de son œuvre et confiant dans la bonté de sa cause ; il s’est laissé dire toute la vérité, et il n’est pas éloigné d’être de notre avis. 8 novembre. Deux autres de nos élèves levantins, deux fois assaillis en pleine rue, n’osent plus sortir. De distance en distance on en voit qui restent béantes, vidées de leur contenu, ne gardant que les murs noirs et le sol tapissé de débris. Consolation d’un commerçant : un officier vient acheter. Et dans tout cet encombrement, des Turcs et des Turques faisant leur choix et meublant leurs maisons à bon marché. « C’était aujourd’hui vendredi, tu n’as pas fermé ton magasin ». En d’autres circonstances, elle aurait été superbe. Les pauvres Arméniens assiègent l’ Aratchnortaran [= archevêché], pour empêcher les riches de partir. Plaintes de la famille, enquête de la police. Cette nouvelle aurait été apportée par des gens venus d’Alep. Les Turcs sont les vainqueurs de l’Europe ; les Turcs sont une nation civilisée : on doit se fier à leur parole ; ils ne veulent être ni esclaves ni domestiques ; plus de cette chaîne qu’on appelait capitulations. Les Arméniens d’ égypte ont fretté un cargo qui transportera les leurs gratuitement.
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